Au cours de la dernière année, plusieurs livres de cuisine végétarienne ont été publiés au Québec, signalant l’importance grandissante du flexitarisme (un flexitarien est un carnivore ou un végétarien à temps partiel. Les raisons de choisir ce mode de vie sont multiples : manger plus santé, protéger l’environnement, favoriser de meilleures pratiques d’élevage en réduisant la demande en viandes industrielles, etc.). Pensons à :
• Les Carnivores infidèles, de la nutritionniste Catherine Lefebvre;
• Végétarien parfois souvent ou passionnément, de Jérôme Ferrer, Isabelle Huot et Vincent Gratton
• Pas besoin d’être végé pour aimer ce livre, un collectif de 35 chefs québécois
• Biographie gourmande, de Joël Legendre
ou
• Le grand livre de la cuisine végétarienne, d’Igor Brotto et Olivier Guiriec, deux chefs de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie
Trois de ces ouvrages se retrouvent dans ma bibliothèque, rien d’étonnant puisque j’ai été végétarienne pendant 7 ans avant de rencontrer un carnivore convaincu (traduction : le chum) qui a forcé une rechute.
J’aimerais beaucoup revenir à ce type d’alimentation ne serait-ce qu’à temps partiel. 1) Je me sentais mieux physiquement; 2) j’avais perdu plein de poids; 3) mes réserves d’énergie semblaient infinies; et 4) foodie avant l’heure, je trippais devant la nécessité d’être inventive. Avouons, on n’escamote pas un pan complet de son alimentation comme la viande sans devoir se réinventer quelque peu.
Avec deux difficiles à la maison — un chum toujours passionnément carnivore et un petit difficile anti-légumes —, le végétarisme est impossible à imposer pour l’instant. Par contre, introduire plus de repas végétariens au menu relève du faisable. Ça prend juste un épiderme de crocodile pour garder le sourire quand tu y mets tant d’efforts et que deux mâles scrutent souvent leurs assiettes d’un air soupçonneux. Parfois, je me sens comme la meneuse de claques de service : on est capables, go, go, go, on va la gagner cette fois. Okay, juste une bouchée alors SVP ?
Combat de la page 64
Dans la section Livre de ce blogue, je vous propose de temps en temps des critiques de livres de cuisine québécois.
Avec 60 recettes végétariennes pour tromper votre boucher, Les Carnivores Infidèles exploite au maximum le «crowdsourcing», c’est-à-dire que la nutritionniste Catherine Lefebvre a fait appel à des personnalités provenant généralement des médias sociaux pour recueillir la majorité des recettes du livre. Le tout est joliment servi par la modernité de l’emballage graphique, courtoisie d’Écorce Atelier créatif. Signe des temps, l’auteur a créé un site web, une page Facebook et un avatar Twitter dédiés à son livre.
Pour ce segment, abandonnant le format traditionnel d’une critique de livre, j’ai voulu innover en confrontant mes trois nouveaux livres végétariens dans un « Combat des chefs de la page 64 ». C’est-à-dire que je cuisinerai la recette en page 64 de ces trois livres pour découvrir la meilleure — indication de qualité aléatoire, je le confesse, mais amusante comme une loterie.
Pourquoi la page 64, direz-vous ? Parce qu’il se trouve que je suis l’auteur de la recette en page 64 des Carnivores infidèles. Eh oui ! J’ai partagé avec Catherine mes pâtes au tahini, rebaptisées Spaghetahini pour les besoins du livre, qui font généralement consensus auprès de mes hommes.
Collectif regroupant 35 des meilleurs chefs du Québec, Pas besoin d’être végé pour aimer ce livre joue à fond la carte de la gastronomie. Le design du livre est élaboré, comme la plupart des recettes. La sommelière Élise Lambert, l’une de nos rares femmes sommeliers au Québec, si ce n’est au monde, propose des harmonies de vins ou de bières pour chaque recette. Spectaculaire à tous égards, le livre inspirera peut-être plus des soupers foodies du samedi soir que des petits plats végétariens de semaine… et pourquoi pas?
Dans le cadre du présent Combat, mon Spaghetahini se mesurera au Yaki Yasai et sauce Yuzu-Miso, une entrée de légumes marinés à la japonaise du chef Junichi Ikematsi du restaurant Jun I de Montréal (Pas besoin d’être végé pour aimer ce livre) et aux Nems croustillants noisette et miel du chef Jérôme Ferrer d’Europea (Végétarien parfois souvent ou passionnément).
Un chef célèbre de Montréal, une nutritionniste populaire de la télé, un acteur sympa et passionné de nature: voici Végétarien parfois souvent ou passionnément, un livre-vedette à tous égards. Des sections entières sont consacrées à la nutrition, pour qui veut tout savoir des bienfaits des grains entiers, par exemple. J’avoue les sauter pour me concentrer sur les recettes véritablement appétissantes.
Deux grands chefs, une humble blogueuse : mettons que mon ego est au front. Et que le meilleur gagne !
Petite confession pour commencer: Pour les besoins de cet affrontement et du livre, j’ai utilisé des pâtes soba au sarrasin japonaises qui donnent toute leur gueule à la recette. Honnêteté oblige, je la fais par contre souvent avec de simples pâtes Wing’s Yet Ca Mein, des pâtes blanches qui plaisent plus à mes hommes. Donc, même s’ils ont apprécié, j’ai eu droit à des commentaires. À vous de jauger votre public si vous les essayez.
Aussi, comme légumes, j’ai utilisé des carottes et des concombres, alors que la version livre vous propose des fèves germées. Là aussi, à vous de décider : les fèves germées crues et mon estomac ne font pas toujours bon ménage, alors je me garde une gêne par les temps qui courent.
Enfin, parce que le tahini est un beurre de noix non sucré qui donne une saveur savoureusement âpre mais peu appréciée des enfants, j’ai ajouté une pincée de sucre à la vinaigrette. Trois tricheries plus tard comme dans la vraie vie (!), je vous présente mon Spaghetahini. Perso, j’en fais tout un repas végétarien, puisque la combinaison pâtes et sésame fournit un apport de protéines intéressant. Monsieur l’a dégusté en accompagnement… de steaks sur le barbecue. Sans commentaire.
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