On ne se cachera pas que Laval souffre d’un manque de bons restaurants, malgré le déplacement des Montréalais vers la banlieue. À moins de vivre près des communautés d’immigrés qui font fleurir les bouibouis autour d’eux, difficile de trouver un bon resto sichuan, péruvien ou même bistro franchouille, avouons. (Grande exception, les restos de Brossard où les Asiatiques de toutes origines s’éclatent.) Même les bons établissements ont tendance à édulcorer leur menu, on sent moins les épices, on goûte plus le sucre. Bref, le 450 a du chemin à faire, je peine à l’avouer.
Montréal a déjà son Talay Thai, qui semble-t-il convainc les adeptes de cuisine thaïlandaise. Me rappelant une bonne critique de Marie-Claude Lortie dans La Presse, voilà déjà un an cela dit, j’ai traîné ma famille au petit frère lavallois, Le Talay Thai II. D’entrée de jeu, c’est joli, décoré kitsch over the top et accueillant, on aime. Par contre, pour un samedi de long week-end, les nombreuses tables vides intriguent. Indifférence banlieusarde ou cuisine déficiente, hum?
Sans me proclamer experte, loin de là, j’adore la cuisine thaïe et traînais mes savates dans plusieurs restos de Montréal du temps où j’y habitais, du Thai Grill sur Saint-Laurent au Phayatai sur la rue Guy à mon préféré de tous: un petit comptoir thaï du Faubourg Sainte-Catherine où on servait, ni vu ni connu, parmi les meilleurs plats à Montréal. Aaah, les aubergines et calmars au basilic qui vous mettaient la bouche en feu…
Le Talay Thai de Laval a oublié les épices. Tous les plats servis sont bons, les légumes tendres et croquants abondent, mais rien qui vous fasse avaler de multiples bouchées de riz collant à la recherche de soulagement. À tel point que, au moment de quitter, j’ai demandé au serveur si des versions épicées des plats existaient : oui, fallait préciser, semble-t-il. Ou peut-être le menu l’indique-t-il quelque part, fouille-moi, jamais vu.
Avec un flot de 8 ans à la table, le manque d’épices lui a permis de tout goûter, un plus que les parents voudront noter. Par contre, cet équilibre entre le sel, le sucre et les épices fait, selon moi, le charme de la cuisine asiatique en général. Sans piment oiseau pour vous arracher la gueule, le sucre se fait douceur et non répit. Le sel n’a plus rien à exacerber. La fraîcheur des légumes séduit, mais réconforte peu. Bref, il manque de souffrance dans l’assiette!
Le Talay Thai a changé de proprio en novembre, paraît-il, ceci expliquant peut-être cela. Ou peut-être a-t-il toujours été volontairement rassembleur. Si vous n’êtes pas friand de piquant ou que vous vous déplacez en famille, voici une adresse qui vous plaira, loin des Zibos et Pacinis qui pullulent la banlieue. Mes papilles elles, sous le choc d’avoir survécu si aisément et sans gloire, se prennent à rêver d’une adresse plus «sadomaso»…
Après plusieurs essais de restos «ethniques» à l’extérieur de Montréal, mon cerveau quant à lui bourdonne de questions: pourquoi les cuisines étrangères perdent-elles de leur âme dès qu’on s’éloigne de la métropole? Est-ce pour plaire à tout prix, parce qu’une adresse sur le boulevard des Laurentides ou Curé-Labelle fait difficilement de toi une destination? La clientèle banlieusarde est-elle si mi-figue, mi-raisin? Et la question qui tue: le chef d’un restaurant thaïlandais qui ne décore son assiette d’aucun piment oiseau s’endort-il en pleurant sur l’oreiller?
De bons restos de cuisine étrangère à l’extérieur de Montréal, vous en connaissez?
Où? Combien?
Où: 1585 Boulevard des Laurentides, Laval, QC H7N 4Y6, (450) 933-7999
Combien: Comptez autour de 5 $ pour une entrée; de 12 à 19 $ pour un plat principal
Le plus: C’est un «apportez votre vin»…
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