Mon chum et moi avons décidé de manger plus santé cette année. Voici donc le premier billet d’une nouvelle série «Il dit, elle dit » où on va s’amuser à cuisiner, puis à échanger sur les recettes essayées. Certaines seront piquées dans nos livres ou blogues préférés ou dans le répertoire des ami(e)s; d’autres seront des grands classiques modifiés pour les rendre santé; et enfin, on se propose d’inventer nos propres recettes puisque nous sommes tous deux des fanas de cuisine maison. Cette série ne verrait jamais le jour si j’essayais en plus de prendre de super photos de bouffe dignes d’une styliste ; mon ADN a raté ce bateau voilà belle lurette. Donc, toutes mes excuses pour les photos prises à la va-vite.
Je suis québécoise et mon chum, africain. Je suis une femme et lui un mec, avec le fossé culinaire qu’on s’imagine. Je suis très aventureuse et lui, très difficile. Je goûte à tout, il a des interdits culinaires (non religieux) liés aux traditions de son coin de pays. Je suis une fille très fruits et légumes, il est un gars très carnivore. Je suis une rédactrice culinaire qui en connaît un long bout sur la nutrition et les calories. Il aime manger et vit dans le déni total quand il s’agit de servir la portion recommandée de riz.
Bref, nos profils sont pas mal à l’opposé quand vient le temps de se mettre à table. Cette nouvelle résolution santé promet de belles confrontations… et me donne un beau prétexte (chut!) de lui servir des recettes qu’il refuserait sinon. Ça va barder joliment, lol.
La première recette au batte ? Une des spécialités de mon chum, le Maquereau à la sauce tomate, une recette qu’il cuisine si régulièrement que je la prend pour acquise. Le maquereau cartonne chez nous. Ce petit poisson «gras» riche en oméga-3 est l’une des vedettes de la pêche durable. Pas le plus photogénique des plats, mais bon, sans chichi et nourrissant.
— C’est ta recette ou elle vient de ton enfance?
— On mangeait beaucoup de poissons frais quand j’étais petit, j’ai joué avec la recette à l’œil pour recréer à peu près le même goût. Le poisson frais était considéré une bouffe de pauvre dans mon pays, contrairement au poisson séché, fumé ou salé.
— Pourquoi? Ici, le poisson frais est le plus cher.
— Parce qu’on en trouvait partout je suppose, tu partais pêcher dans la rivière pas loin, puis tu le cuisinais avec les tomates et les épices de ton jardin. Dans les stands de bord de route, on peut aussi acheter des maquereaux entiers frits dans l’huile, ils sont malades.
— Je m’inquiète toujours quand je cuisine du maquereau, j’ai peur que fiston s’étouffe sur les arêtes. Il y en a plein…
— Oui, en Afrique, on commence à manger des poissons osseux à l’âge de 2, 3 ans. Tu apprends à gérer les arêtes assez vite, en développant un œsophage plus coriace peut-être? Quand une arête reste prise dans ta gorge, tes parents te font manger du fufu* jusqu’à ce que l’arête colle à la pâte et finisse par descendre.
— Je verrais bien ce plat avec de la bette à carde. Tu pourrais aussi le transformer littéralement en changeant les épices. Je sais que tu trippes sur les mélanges cajun, mais moi ici, je verrais bien les épices Route de la soie d’Épices de Cru.
— T’es une foodie finie, tu compliques toujours tout.
— Ouais, ouais, ouais. J’adore ce plat, mais ayoye les arêtes, quoique la plupart s’enlèvent avec la colonne vertébrale… Pas sûre que les Nord-Américains aient envie de travailler à ce point, y a une raison pour laquelle le saumon est si populaire chez nous.
— Je n’aime pas le saumon.
— Je sais, mosus que je sais.
* Le fufu, populaire dans toute l’Afrique et le plat national du Nigéria, est fait de farine de cassava mélangée avec de l’eau, puis bouillie jusqu’à ce qu’elle forme une pâte collante qu’on sert dans un grand plateau à partager. On en fait de petites boules, qu’on savoure en les trempant dans un ragoût en sauce.
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