Il y a de ces repas, que dis-je, de ces bacchantes qui vous laissent un souvenir indélébile dans la mémoire. Mon premier menu dégustation avec mes deux BFF, au Laurie Raphaël de Montréal, qui s’était terminé par une visite des cuisines désertées à 1 heure du mat en compagnie du sommelier… Une dégustation, eh oui encore, des recettes retenues pour un magazine, dans les cuisines de l’ITHQ de Montréal, qui m’avait vu déguster des spaghettis à l’ail et des boules citron-chocolat blanc… à 8 h du matin cette fois. À la fois miam et ouch. Et le premier repas à vie à la Cabane Pied de cochon du chef Martin Picard, à Saint-Benoît-de-Mirabel dans les Basses-Laurentides, voilà déjà trois ans.
Je me souviens encore des bines avec fromage bleu et cubes de foie gras, de l’omelette soufflée dans une carcasse de homard, des sushis au creton, de la poule de Bresse au sirop d’érable. Et de ce feeling, après coup, que mon estomac allait éclater comme une baleine échouée dans les Maritimes. Pas confo, mettons. Mais mémorable, que oui.
Dimanche dernier, c’était enfin rebelote alors que ma famille et la marraine de fiston avons mis les voiles pour l’arrière-pays d’Oka, en ce printemps gris qui n’arrête pas de nous bruiner sur la tête. Cette fois, j’avais prévu le coup et averti la tablée: mangez ce qui vous branche et ce qui ne se rapporte pas (genre les desserts glacés) et on demandera des «chiens sacs» pour le reste. Que l’harmonie règne cette fois, entre les uns les autres, la bouffe et notre panse. Faut croire que la stratégie en question s’était imposée avec le temps puisque, d’entrée de jeu, les serveurs apportent désormais des plats d’aluminium pour les restants. Trop drôle.
Pour avoir lu des entrevues avec le chef Martin Picard, je sais qu’il tient mordicus à offrir un menu original à un prix modique de 60 $ par tête, avant alcool, taxes et pourboire. Voilà probablement, de tous les restos du grand Montréal étendu, celui où vous en obtiendrez le plus pour votre argent.
Cela dit, est-ce l’effet de surprise qui manque, la tablée a été enchantée de son repas mais pas jetée par terre comme cette fameuse première fois. Oh, c’était délicieux, juste moins surprenant. Généreux, mais gérable. Ou peut-être fréquentez-nous trop de restos à longueur d’année pour s’ébahir au cube. Pour le reste, le menu demeure de très bon calibre; le décor tout en bois avec ses loups (!) au plafond est accueillant à souhait, comme l’ambiance à mille lieues des cabanes traditionnelles — j’ai trop donné pour y trouver encore du charme—; et la balade pour s’y rendre sur le rang de la Fresnière me séduit toujours.
Si vous n’avez jamais visité la Cabane Pied de cochon, le détour demeure un must. Par contre, vous devrez vous précipiter en ligne, un certain minuit d’automne, pour saisir une des rares places (j’ai d’ailleurs oublié et manqué ma chance de réserver à la «cabane pommes» cet automne, sniff). Il aura fallu 6 petites minutes pour que la saison érable 2014 affiche complet! Ou alors, prenez une chance et appelez à la dernière minute pour profiter des annulations. C’est ainsi que nous avons réussi à obtenir nos places voilà 3 ans…
Au menu en 2014…
Ceci n’étant pas une critique gastronomique, métier qui n’est pas le mien, voici simplement quelques photos du menu. À noter que la cabane fait l’effort, louable et sincèrement apprécié, de servir chaque groupe individuellement: pas besoin de partager avec des étrangers, merci chef! Par contre, se faire servir trois beignets alors qu’on est quatre à table — dont un enfant, oui, mais voyez-vous, les flots sont friands de beignets — bref, cela exige parfois des calculs épineux pour servir tout un chacun. J’avais parfois l’étrange impression que l’enfant avait été confondu dans l’équation… De plus, la trame sonore de conversations sur fond de musique et plafonds hauts étant inévitablement loud, j’ai fini par renoncer à tendre l’oreille désespérement pour comprendre les explications de la serveuse. Le plus gros sujet de conversation à table aura d’ailleurs été d’identifier les ingrédients de la sauce accompagnant le canard, lol. Un menu imprimé, même au jet d’encre et à la va-vite, ne serait pas de trop, à bien y penser.
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