Sans qu’il n’y paraisse, pour une fille qui ne fait pas de critique de restos, je vous ai déjà vanté deux fois l’immense talent du chef Michele Forgione, l’une des vedettes montantes de la scène gastronomique montréalaise. Je l’ai d’abord découvert aux fourneaux d’Osteria Venti dans le Vieux-Montréal, où ses gnocchis et son tiramisu faisaient courir les foodies.
Quelques mois plus tard, le chef Forgione faisait le saut de chef à proprio, en s’associant à Stefano Faita pour lancer Impasto, à quelques pas de l’incontournable quincaillerie Dante de la Petite-Italie. Une fois de plus, la magie a opéré, Impasto devenant rapidement une référence, dans notre métropole qui se découvre enfin de très bons restos italiens.
Fans finis de pizza, Michele et Stefano rêvaient de posséder leur propre pizzeria, où les Montréalais pourraient déguster la vraie de vraie pizza comme en Italie. Dans les premiers jours d’Impasto, les proprios avaient d’ailleurs prévu un imposant four à pizza qui trônait dans la cuisine ouverte… et cuisait à point tant les clients que le personnel. À regret, les chefs avaient dû retourner le méga-four et les pizzas de Michele se cherchaient une destination à part entière. Gema (acronyme formé à partir du nom de leurs quatre enfants : Giovanni, Emilia, Massimo et Anna) voyait le jour en 2014.
Parallèlement au phénomène izakaya, Montréal semble connaître un vrai boom côté pizzeria avec l’ouverture non seulement de Gema, mais aussi de No 900 Pizzeria napolitaine, qui rejoignent les rangs des très recommandées Bottega et Magpie. Pendant la période des Fêtes, j’ai donc une fois de plus entraîné ma «victime» habituelle, AKA fiston, pour tester la nouvelle vague.
Précisons que j’étais pas mal vendue d’avance. Je connais bien le chef Forgione, qui a participé à mon dernier livre La cuisine de mon enfance. Je l’ai suivi sur Twitter et Instagram, salivant comme tant d’autres devant ses photos de pizza, alors qu’il peaufinait sa recette de pâte pendant, quoi, un an? Sans parler de ses clichés de charcuterie maison, qui faisaient s’exclamer d’envie les copains chefs de par le monde. (Sauf peut-être les photos de mortadelle aux calmars, allo la charcuterie hardcore. ) Ce haut lieu de la pizza, je savais qu’il le voulait décontracte, avec un look de pizzeria du coin et une vibe vaguement rétro qui vous enveloppent dès le pas de la porte. D’emblée, c’est réussi.
À l’heure du lunch, le menu se limite à quelques pizzas qui, on ne s’étonnera pas, mettent en vedette quelques garnitures pas plus, pour mieux se faire valoir. En soirée, la sélection est plus imposante et propose même une Pizza du mois créée par des célébrités comme le chef Martin Picard ou Elena Faita. Notre choix s’est porté sur la Impasto, garnie de porchetta maison, piments forts, caciocavallo fumé et salsa verde. Pour cause de gamin à table, j’ai fait retirer les piments et demandé si on pouvait plutôt les servir à côté. Un petit pot de piments forts dans l’huile est arrivé sur la table vito presto.
À la base, on peut jeter son dévolu sur une pizza taille unique juste pour soi ou partagée avec la tablée; ou commander un menu deux ou trois services en ajoutant une soupe, une salade ou une costarde glacée. Afin de goûter à tout, j’ai opté pour le potage du jour, une soupe mariage à l’italienne au bouillon réconfortant, et la salade qui combinait mesclun, pousses, choux de Bruxelles grillés, noix torréfiées et fromage relevés d’une vinaigrette où l’huile d’olive réclamait son rôle d’ingrédient à part entière. Fiston a englouti la soupe (traduction: jamais pu goûter les super boulettes) et a picossé 1-2 bouchées de salade sans pousser les hauts cris. Un exploit.
Quant à la pizza à la porchetta, que dire. Elle ose le gras de la porchetta finement drapée sur la pizza, qui m’a tout de suite remémoré le livre Heat de Bill Buford et cette scène de party new-yorkais branché où Mario Batali se promène de convive en convive, déposant sur la langue de chacun une fine tranche de lardo à la manière d’une hostie. Laissez fondre, laissez fondre, priait-il plus ou moins. Ici, la croûte imbibe le gras fondant de la charcuterie pour nous… Au final, le fumé du fromage, l’herbacé de la salsa et la flamme des piments forts vous sollicitent tous les sens dans un équilibre tenant du cochon.
Arrivé au dessert, l’approche beau-bon-basique continue. Après la vague gelato, la crème glacée molle se taille une place au menu de certains restos comme Joe Beef et cie. Chez Gema, elle se fait costarde vanille ou chocolat de la Laiterie Chagnon, avec un choix de garnitures qui sort des sentiers battus. J’ai laissé à la serveuse le soin d’habiller mon «sundae», qui est arrivé nappé de sauce butterscotch et Bacci crumble. La binette barbouillée de chocolat, fiston s’est affaissé sur la banquette à mi-chemin et a refusé de bouger pendant près d’une demi-heure, non pas pour cause d’estomac surchargé, mais par désir de relaxer et scèner. Affalé contre moi jusqu’à la fermeture du resto entre deux services, il a finalement demandé : «On pourrait dormir ici?». Ça résume tout, n’est-ce pas?
Coordonnées:
6827, rue St-Dominique, Montréal, Qc
514 419 4448
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