La twittosphère a-t-elle vraiment besoin d’une nouvelle recette de Bœuf bourguignon? Non, pas vraiment. Sauf que, la semaine dernière, je recevais une vieille amie pour souper et j’avais jeté mon dévolu sur un ragoût de bœuf afin de ne pas rester enchaînée à mes fourneaux toute la soirée. Et si j’allais commettre un autre ragoût, pour une amie que je n’avais pas vue depuis 5 ans, alors autant s’offrir le classique des classiques.
J’adore le ragoût de bœuf, que je cuisine environ aux 2 mois, au pif et sans recette. Une petite pincée de ceci, une grande rasade de cela, et généralement ça baigne. Une version de ragoût de bœuf à la bière existe même sur ce blogue, piquée dans l’un des livres Coup de Pouce. Après des années de pratique derrière la cravate, j’ai tout de même décidé de surfer le net pour la recette «classique» du Bœuf bourguignon, soudainement intriguée de voir si je n’avais pas, au fil du temps, laissé tomber un ingrédient de base. Google affichait… 486 000 résultats, juste en anglais. Saisissant. Le plus étonnant encore? Plusieurs recettes étaient suivies de questions des lecteurs se demandant s’ils devaient favoriser du fond de veau vs bouillon, de la bière vs vin rouge, etc., me faisant réaliser que ce ragoût si familier peut poser un défi aux cordons-bleus amateurs ou tout simplement de culture différente.
Survolant les différentes versions, j’ai constaté que, au fil du temps, j’avais effectivement laissé tomber la garniture de lardons-champignons-oignons perlés qu’on ajoute à la fin et qui définit ce mijoté iconique. Par paresse ou par impatience, les lecteurs de ce blogue me savent souvent coupable des deux. Alors, j’ai décidé de me taper la recette originale qui remonte à la nuit des temps. (Quoique, contrairement à Julia Child par exemple, je ne braise pas les oignons dans un bouillon assaisonné avant de les ajouter au ragoût. On s’entend, une casserole de plus et je pète ma coche.) Peut-être avez-vous aussi oublié les petits tournemains qui distinguent ce pilier de la cuisine française? Voici donc mon Bœuf bourguignon classique. Facile si longuet à réaliser, alors versez-vous un bon verre du rouge qui vous servira à le mitonner. Après tout, on cuisine pour se faire plaisir, non?
P.S. Dans une volonté de classicisme, vous pouvez choisir un bourgogne jeunot et sec pour cette recette. Pour ma part, j’y ai substitué un rouge (italien) élaboré pour la cuisine et la table par le sommelier québécois François Chartier — et que je vous recommandais dans le numéro d’hiver du magazine Véro. Sacré Meilleur sommelier au monde en 1994; auteur de Papilles et molécules, meilleur livre de cuisine au monde en 2010; chef-consultant de Ferran Adrià au El Bulli, Chartier a élevé les harmonies aromatiques au rang de science, jetant par terre les grands chefs de ce monde. Sa nouvelle collection Vins Harmonies, vendue exclusivement dans les IGA du Québec, a changé la donne des vins en épicerie pour le mieux. Ce que j’aime le plus? L’idée d’identifier, à même l’étiquette avant, les harmonies suggérées pour chaque vin. Pas mal cool, ma foi.
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