Québec: Bistro SSS

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Voici donc le troisième billet de ma série officieuse sur Québec, entamée avec Patente et Machin, poursuivie avec Panache Mobile, et qui devrait se terminer avec l’hôtel, le Château Bonne-Entente.

À dire vrai, je n’avais pas prévu dîner chez Bistro SSS, abréviation de Simple Snack Sympathique, sur la rue Saint-Paul, près du Vieux-Port de Québec. Quand j’avais lancé un appel à tous pour des adresses gourmandes dans la capitale nationale, mon premier critère était : pas de bistro SVP! Je veux explorer un Québec plus ethnique disais-je. Je n’ai suscité que les rires des locaux et obtenu 2-3 maigres adresses, dont la plus recommandée (le Hosaka-Ya) était fermée pour les vacances.

Parce qu’il faisait beau et chaud, parce que nous avions envie de scèner à Québec et parce que mes hommes me faisaient plus confiance que d’habitude, séduits par Patente et Machin, ils ont accepté de me suivre dans un bistro franchouille, pas nécessairement leur truc. Mon premier choix s’était arrêté sur Toast!, de la même équipe. Christian Lemelin, chef aux deux établissements, vient d’ailleurs de mériter le prix de Meilleur chef-cuisinier de l’année au Québec, ce n’est pas rien. Mais aucune réservation de dernière minute à l’heure qui nous convenait…

Nous nous sommes donc retrouvés au Bistro SSS, à l’une des quelques tables extérieures qui longent le trottoir et ne sont aucunement séparées des piétons qui défilent, une première pour moi. Par contre, c’était une belle soirée d’été, les gens déambulaient avec le sourire, bref pourquoi pas? Le lieu, la rue, la brunante à ses débuts, tout conspirait pour rendre l’instant agréable et détendu.

 

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Avant que vous posiez la question, les mains appartiennent à mon fils, qui jouait avec ses Kaijus en attendant la bouffe. Si vous ne connaissez pas les Kaijus, puis-je vous recommander le film Pacific Rim? (Insérer ici critique de film presque subliminale.)

 

Le menu donne dans le bistro américanisé qui tire tous azimuts, raison d’ailleurs pour laquelle j’avais choisi ce resto: foie gras (il n’en restait plus), crab cakes, tartares, poutines design et burgers, le tout susceptible de plaire à mes hommes carnivores ascendant junk food. Comme tant d’enfants, Fiston a tendance à tomber dans le panier de pain, je lui ai donc commandé une tartinade au saumon et des crevettes popcorn, pendant que ses parents prévoyaient s’enfiler des ailes de canard et des pogos de porcelet et foie gras (tous deux excellents). Finalement, mon fils a dévoré la tartinade, les crevettes, un pogo et toutes les ailes du paternel sauf une. On a laissé tomber le plat principal pour lui…

 

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Les côtes levées avec frites et salade de chou qui n’ont pas convaincu.

 

Premier moment bof de la soirée, les crevettes popcorn étaient génériques et la tartinade, quoiqu’honnête, facile à reproduire à la maison. Elle est arrivée dans un minuscule ramequin, sans olives ni crudités, avec un panier de (délicieuse) baguette qui ne pouvait suffire à la tâche si le pain seul servait d’accompagnement. Pourtant, on a tardé et tardé à le ravitailler, avec le sourire qui a caractérisé le service par ailleurs très avenant.

J’ai accueilli le boudin maison avec une soudaine pointe d’inquiétude. Si le boudin s’est avéré excellent, je ne comprends toujours pas la salade de verdures et de pâtes froides qui l’accompagnait et se mélangeait inévitablement à la purée chaude. Quand j’ai téléchargé la photo pour ce billet, je secouais encore la tête d’étonnement. Monsieur, lui, a grignoté sans enthousiasme les côtes levées qui, bien que tendres à souhait, manquaient de fumée et de zeste. « Si tu ne mangeais pas tout extracuit, je soupçonne que tu aurais préféré les tartares, ça semble être plus dans leurs cordes », que je lui ai glissé d’un air narquois.

 

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Le boudin maison, excellent, proposait une rencontre des plus étranges entre la purée chaude, la vinaigrette et les verdures.

 

Maintenant, parlons dessert. Je déplore souvent l’oubli dans lequel est tombé le sundae. Il s’en fait peu et du pas très bon. Quel bonheur que d’en voir plusieurs à la carte des desserts du SSS. J’ai jeté mon dévolu sur le sundae du jour, mélange de gâteau, petits fruits et deux crèmes glacées. Fiston a soudain trouvé de la place pour le brownie, tant mieux pour lui, il était dense et profondément chocolaté. Mon «sundae», finalement, n’était que la même déclinaison dans un bol au lieu d’une assiette, avec des saveurs de crème glacée différentes. Ma recherche d’un vrai bon sundae se poursuit hélas…

 

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Le brownies de fiston, en portion suffisamment généreuse pour être partagé.

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Le «sundae» qui n’en était pas un.

 

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L’environnement vraiment chouette du Vieux-Port compte pour beaucoup dans le charme de notre soirée.

 

Le verdict? J’ai alors et depuis lu des critiques où le Bistro SSS est décrit comme un pont entre la gastronomie et le snack, mais la bouffe y tend beaucoup plus — et avec plutôt de succès — du côté bistro. Bien sûr, le menu a des allures de déjà vu et de copier-coller pour plaire au plus grand public (c’est d’ailleurs pourquoi je l’avais choisi). Parfois, je m’imagine les chefs qui composent leur menu: Saumon? Check. Pâtes? Check. Tartare? Check. Poulet BBQ? Check. Bavette? Check. Poutine fancy? Check. Tout ce qu’il manque chez Bistro SSS est l’omniprésent plateau de charcuteries maison…

Si mes hommes étaient moins portés sur le junk food, notre expérience aurait sûrement tendu vers le carpaccio, les tartares et la fondue de chèvre qui agrémentaient le menu. Si j’étais une critique gastronomique, je pourrais forcer ces messieurs à commander des plats plus originaux ou avec des légumes. Une fille peut rêver.

Info:

71 rue St-Paul Vieux-Port, Québec G1K 3V8
(418) 692-1991

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